Par Cédric Pascal
Le salon de l’étudiant est venu rappeler que la première richesse de la Nouvelle-Calédonie ce n’est pas le Nickel, mais nos étudiants.
Beaucoup a été fait pour aider les jeunes Calédoniens à accéder aux études supérieures, mais nous n’avons pas encore relevé le défi le plus important : celui d’une intégration réussie dans le monde du travail.
Le tissu économique calédonien est bien plus diversifié aujourd’hui qu’il ne l’était il y a vingt ans. Il offre beaucoup plus d’opportunités aux diplômés.
Mais pour un futur employeur, le diplôme n’est pas suffisant. Un employeur a besoin d’embaucher des personnes rapidement opérationnelles, qui ont déjà appris les réflexes de base du monde professionnel : savoir-être, autonomie et capacité à contribuer efficacement à l’entreprise.
Cette expérience pratique ne s’acquiert pas dans les études supérieures, combien même seraient-elles prestigieuses.
Il existe ainsi une falaise entre le monde des études supérieures et le monde de l’entreprise en Nouvelle-Calédonie.
Notre système éducatif n’est pas performant sur ce point, et au final, on retrouve à cette étape clé de la carrière de nos jeunes, une reproduction des inégalités sociales.
Celui qui a la chance d’avoir des sponsors familiaux accédera à la première expérience qui lui donnera un avantage concurrentiel sur ses camarades moins chanceux, aussi brillants soient-ils.
Cette situation est injuste, elle perpétue les inégalités des chances, et elle encourage nos jeunes étudiants les plus prometteurs à chercher ailleurs qu’en Nouvelle-Calédonie des opportunités professionnelles.
L’action publique a porté sur les jeunes en difficulté et pas assez sur nos étudiants en situation de réussite académique au moment où ils ont besoin qu’on leur mette le pied à l’étrier.
Il est vital pour notre développement économique et social, et pour la cohésion de notre société, que nous puissions encourager les jeunes Calédoniens qui réussissent leurs études à revenir travailler sur leur île natale, auprès de leurs familles, au lieu de rejoindre les milliers qui ont déjà choisi le chemin de l'exil.
L’enjeu n’est pas de prétendre donner à chacun un emploi à durée indéterminée, mais une première expérience d’un an ou deux valorisable sur le marché de l’emploi, charge à chacun de démontrer ensuite sa valeur personnelle.
Pour que cette formation initiale destinée à des débutants qui ne sont pas encore opérationnels ne pèse pas sur les entreprises, ce dispositif doit être financièrement incitatif.
Le MRC proposera en conséquence que les entreprises puissent déduire de la taxe de 0,7% de la masse salariale, destinée à la formation professionnelle, les rémunérations nettes versées aux débutants entrant dans ce programme d’initiation au monde de l’entreprise.
La puissance publique se doit d’être exemplaire en la matière et nous ferons en sorte que les sociétés d’économie mixte de Nouvelle-Calédonie soient pionnières en la matière, avec des places d'initiation dédiées aux jeunes Calédoniens sortant des études.
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